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  • Writer's pictureAudrey Gripping

Chronique - Mille serpents sur l'Éden - de S. Korr

Ce recueil de nouvelles est le dernier ouvrage que j'ai acquis à La Bouquinerie Nantaise. Le langage est crus et un peu blasé, voir cynique. Le vocabulaire, familier et très varié. Je me suis personnellement délectée de la plume de l'auteur.


Trois jours au Paradis

Dans cette nouvelle, S. Korr nous plonge dans la tête d'un homme sur le point d'être jugé pour un crime que nous découvrons au fil de l'histoire. Le héro, un quinquagénaire, nous raconte les événements qui l'ont conduit dans la geôle de la cour d'assises. Si, au début, on s'attache au protagoniste, le prenant même en pitié, on se rend rapidement compte que son état mental est loin d'être stable. Jusqu'à ce qu'il pète les plombs et commette l'irréparable. Là commence ses "trois jours au paradis", comme il dit. Au grand damne de sa victime à qui il va faire subir les pires sévices. Les pensées de l'homme sont claires mais scènes les plus abjectes sont évoquées sans être détaillées. Et Dieu merci !


Suce mon yacht !

C'est le récit le plus long. Raconté par un homme dont on ignorera le prénom jusqu'à la dernière ligne, cette histoire retranscrit les péripéties d'Émile, Hubert, Jean-Marc, Damien, et le narrateur (nommons-le ainsi !). Cinq amis de longue date, assez friqués pour se permettre à peu près tout et n'importe quoi sans craindre de représailles. Et ils se permettent d'être blasés par la vie, avec ça ! J'ai été tenue en haleine durant tout le récit. L'auteur distille des débuts d'intrigues pour les terminer quelques pages plus tard. On a tout le temps envie de savoir où la bande d'amis va nous mener. D'ailleurs, le suspens est maintenu jusqu'au bout quant à l'histoire des Chuteurs. J'espère un jour découvrir le fin mot de l'histoire. Il y a aussi de petits détails qui ont retenus mon attention comme les fixettes du protagoniste sur l'âge et le ridicule, ou les groupes de rock cités. Vient finalement l'anecdote sur Gabin et Lino Ventura racontée par Jacob - un personnage haut en couleur tout à fait attachant - qui, bien qu'elle soit sans nul doute inventée, m'a beaucoup fait rire. De plus, cet homme nous sert un pamphlet bien sentit sur la condition des natifs de Polynésie (endroit où nos héros sont en vacances) et ça a de quoi vous remettre les idées bien en place. Comme tout le reste du récit, d'ailleurs. Cette histoire m'a autant fait rire que choquée. Et pourtant il en faut ! Mais comme les héros n'ont aucune limite, ils vont vraiment très loin. Les personnages sont plus vrais que nature, avec des défauts mis complètement en avant et sans aucune pudeur. Un bon rappel de la conditions humaine dans toute sa splendeur. Tout à fait fascinant !


Le ciel est ma limite

C'est l'histoire la plus horrible jusqu'ici. Après une tentative de suicide ratée et une reconstruction faciale partielle, le protagoniste (on ne connaître son prénom qu'à la fin) à décidé de changer de vie. Il a tout plaqué pour acheter un manoir dans le Finistère où il vit seul, caché de tout de tous. Il s'y reconstruit lentement, jusqu'au jour où il se rend compte que quelqu'un vient roder sur son terrain la nuit. Telle une allumette lancée sur un tas de paille, ce constat va changer sa vie. Pour le pire. Seul récit où on a droit à du sexe détaillé, la scène en question est particulièrement horrible, si ce n'est dégueulasse. Orifices improbables, inceste et religion, descriptions dont je me serais volontiers passée... Le récit est court et heureusement ! Mais ça donne à réfléchir sur la santé mentale plus que douteuse de certains individus. Vraiment. Je dois avouer que j'ai lu ces quelques pages avec une espèce de fascination morbide dont beaucoup d'êtres humains font preuve sans jamais oser l'admettre.


Une tête à chapeaux

Si la nouvelle précédente est sacrément dérangeante, celle-ci tient plutôt du risible. Pour le coup, le protagoniste est une femme et la pauvre va vivre les pires minutes de sa vie. Une vingtaine, à tout casser, mais ce lapse de temps va suffire pour réduire à néant tous ses beaux efforts. Cynthia, pour qui les chapeaux sont une passion, va pour la première fois dispenser une formation à une cinquantaine de salariés d'une grosse société. Mais c'était sans compter sur l'appréhension qui lui a noué les intestins toute la sainte semaine, et qui ont décidé de se relâcher au pire moment ! Le récit est court et le rire assuré, bien qu'une partie du récit en fera tiquer plus d'un. On est loin du raffinement mais on termine sur une bonne note, ce qui est vraiment plaisant !


Pour conclure :

Cette œuvre est le troisième et dernier livre de S. Korr. Plume incisive et cynisme poussé à son paroxysme. Les éléments de décor et les infos sur les personnages sont amenés en temps voulu, par petites touches, avec tact et finesse. J'ai également beaucoup aimé les références entre les récits. Les événements de la première nouvelle sont évoqués dans la seconde, et la troisième est, d'après une note de bas de page, la suite d'un autre récit publié dans un précédent ouvrage. C'est une chose que j'apprécie tout particulièrement. Si vous voulez tenter l'aventure, assurez-vous d'être dans un bon état d'esprit et de lire ces écrits avec détachement. Dans le cas contraire, je ne donne pas cher de votre santé mentale ! Pour ma part, j'ai hâte de me procurer ses deux précédents livres.

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